Des ascensions et des déclassements de moins en moins rares - Article

Modifié par Clemni

Si la mobilité descendante des hommes a globalement progressé depuis 40 ans, elle a évolué différemment selon leur milieu social d’origine. Après un recul de 2 à 3 points entre 1977 et 1985 pour chacune des catégories socioprofessionnelles, son taux s’est stabilisé à seulement 10 % pour les fils d’employés et ouvriers qualifiés, tandis qu’il connaissait une augmentation conséquente pour ceux issus de professions intermédiaires et de cadres : en 2015, ils sont respectivement 34 % et 43 % à connaître un déclassement social, soit 5 et 6 points de plus qu’en 1977.

En définitive, les évolutions de la mobilité sociale des hommes au cours des quatre dernières décennies ont été d’autant plus favorables que leur père se situe bas dans l’échelle sociale.
Les ascensions sociales des fils d’employés et ouvriers qualifiés sont 4 fois plus fréquentes que les déclassements en 2015, contre moins de 3 fois plus en 1977. À l’inverse, les déclassements pour les hommes issus de professions intermédiaires sont 1,3 fois plus fréquents que les ascensions, en 2015 comme en 1977.

Parallèlement, quelle que soit l’origine sociale, les taux de mobilité descendante des femmes ont été en fort recul entre 1977 et 2015. Cette baisse s’observe que leur position sociale soit comparée à leur mère ou à leur père. Elle recule ainsi de 11 à 12 points pour les filles d’une mère ou d’un père relevant des professions intermédiaires et de 8 à 9 points pour celles issues d’un parent employé ou ouvrier qualifié. La hausse globale de la part des femmes en situation de déclassement au cours des 40 dernières années (supra) est donc uniquement liée à l’évolution au fil des générations des emplois qu’elles occupent, plus souvent salariés et aussi plus qualifiés, et donc plus exposés à des déclassements. Ces derniers sont en effet d’autant plus fréquents que l’origine sociale est élevée : en 2015, ils atteignent 61 % si le père est cadre contre 29 % s’il est employé ou ouvrier qualifié ; 53 % si la mère est cadre et 17 % si elle est employée ou ouvrière qualifiée.

Les forts déclassements sociaux sont de moins en moins rares pour les fils de cadres et de professions intermédiaires

Pour les hommes, les forts déclassements ont progressé depuis 40 ans, témoignant d’une certaine dégradation des destinées sociales dans le haut de l’échelle sociale. Les mouvements des fils de cadres vers les catégories d’employés et ouvriers qualifiés et non qualifiés ont ainsi progressé de 11 % en 1977 à 17 % en 2015, se substituant le plus souvent à de la mobilité non verticale vers des métiers d’indépendants. Les déclassements sociaux des fils de cadres vers les professions intermédiaires restent néanmoins plus fréquents et concernent une personne sur quatre en 2015 comme en 1977 (figure 5a).

Pour les fils d’un père profession intermédiaire, l’évolution des destinées s’avère plus contrastée. En 2015, ils sont un peu plus souvent cadres (27 %) qu’en 1977 (+ 4 points). Mais cette progression s’est accompagnée d’une hausse équivalente de leurs déclassements : en 2015, 26 % sont employés et ouvriers qualifiés (+ 4 points) et 8 % non qualifiés (+ 1 point).

Source : Marc Collet, Émilie Pénicaud (Insee), « La mobilité sociale des femmes et des hommes : évolutions entre 1977 et 2015 », France Portrait social, 2019.

Source : https://lesmanuelslibres.region-academique-idf.fr
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